A bord d’un train, tôt le matin. Des paysages à n’en plus finir. D’abord bleus puis verts et jaunes, le jour apparaissant. Des lieux qui se suivent, se ressemblent. Mais pas tout à fait.
Photographier pour ne rien perdre de ce qu’on voit. Ou croit voir. La vitesse du train empêche de regarder vraiment. Mais la photographie permettra d’entrer dans ces arrêts qui s’enchaînent. C’est ce qu’on veut croire. Dans une tentative déterminée de conserver des traces. Le voyage terminé, on les regarde enfin ces paysages. Une fois, dix fois, on refait le parcours. Qu’est-ce qu’il y avait à voir qu’on n’a pas vu ?
Aujourd’hui ma mémoire se perd entre la beauté solitaire d’un paysage resté inconnu et l’improbable présence qui m’a regardée passer.
Ce qui a été vu dans la brume d’un matin d’été, la photographie nous le renvoie avec ses infinies possibilités de saisir les réalités du monde.
Christiane Yvelin