D’où viennent et où vont les images ?
Voilà l’énigme à laquelle nous confrontent les installations de Xavier Bauer. Les images et les formes qu’elles présentent sont prises au sein de différents dispositifs qui déterminent leur condition d’émergence. Car ce qui est au centre, c’est bien cette action de « faire apparaître » en restant au plus près de ce moment où l’on bascule du « rien » au « quelque chose ». Construire avec le moins devient alors une nécessité, et la fragilité constitutive de ses pièces indissociable de la fragilité de ce qui se voit.
Suspendues entre leur apparition et leur disparition, les images ne font ici qu’affleurer, maintenues dans un état précaire et vacillant. Plus que leur seule présentation, c’est cet état lui-‐même, sorte de tremblement du visible qui nous est montré. Dans leur impermanence, les images se dérobent aux catégories habituelles d’image fixe et d’image en mouvement tout comme elles se dérobent au regard du spectateur.
Dès lors, un rapport ambivalent s’installe avec ce dernier : à la fois happé par ce qu’il voit et incapable de le saisir totalement, ce qui lui échappe devient ce qui le retient. Chercher, se déplacer, ou simplement attendre, participent directement à la réception de l’œuvre et conditionne sa révélation, au sens photographique.
Si les écrans thermochromes invitent le spectateur à une contemplation patiente et immobile afin de percevoir les subtilités de leur transformation, la fugacité des photogrammes le met directement en mouvement en jouant sur la question du point de vue. Dans la série des échos, ce qu’il croyait mieux voir en s’approchant finit par disparaître complètement. Tenues à distance, les images agissent à la manière d’un mirage. C’est sans doute parce qu’elles partagent avec lui cette absence de corps ; ombres ou reflets, leur mode d’apparition est avant tout spectral et évanescent.
Xavier Bauer
–––––––––––––––––––––––––––––––––
En parallèle:
Yuki Shiraishi,installation n°5, Lisière, 2015
En parallèle aux expositions, Yuki Shiraishi poursuit sa série d’installations dans notre nouvel espace, l’espace Etant donné, visible par un oculaire placé dans le couloir de l’entrée de la galerie.












